Littérature > Publications > Poésie > Le sommeil de l'amant

Le sommeil de l'amant

par Stéphanie Albarède


Dans la pénombre de tes rêves,
Suis-je lumière ?
De ton esprit, cette trêve
Me rend-t-elle étrangère ?

Dans les méandres où ils t’emmènent,
Suis-je au bout du chemin ?
Dans le repos où elle t’entraine
Suis-je pour toi sans lendemain ?

Si je pouvais savoir…

Lorsque de moi ils te séparent,
Une autre devient-elle ton amarre ?
Lorsque dans le flot des songes, elle t’égare
Suis-je de ton errance le phare ?

Est-il possible que dans leur jeu diabolique,
Je ne sois plus l’unique ?
Se peut-il que ce tableau qu’elle te peint,
S’illumine de mon teint ?
 
Si je pouvais voir…

Dans ce film qu’ils t’imposent
Oublies-tu jusqu’à mon rire ?
Lorsqu’elle te plonge dans ses délires,
De mon corps es-tu le virtuose ?

Se font-ils assez sournois
Pour effacer le murmure de mes baisers ?
Me permet-elle de te bercer
Au son de ma voix ?

Si je pouvais écouter…

Lorsqu’ils tentent de te pervertir,
Suis-je encore ton élixir ?
Lorsque follement elle t’enfièvre,
Ne désires-tu plus le sel de mes lèvres ?

T’inventent-ils un cocktail
Où je ne suis plus Elle ?
T’offre-t-elle des bonheurs
Qui ont de ma peau la saveur ?

Si je pouvais gouter…

Dans ce lieu où ils t’appellent,
Me parent-ils sensuelle ?
Dans les chimères où elle t’ensorcelle
Est-ce un autre corps qui étincelle?

Dans ces excès où ils te plongent
Caresses-tu mes rondeurs ?
Dans l’ivresse qu’elle met en songe
Erres-tu vers d’autres douceurs ?

Si je pouvais toucher…

Je te regarde dormir
Sur tes lèvres un sourire de plaisir
Sur ta peau un frisson lascif
Du pays des délices, captif.

Ai-je seulement le droit de t’espionner ?
De chercher dans la mouvance de tes traits,
Ce que tu n’oses m’avouer,
Lorsque tu m’aimes éveillé ?

Viens, viens hanter mes rêves
Viens réveiller mes sens
Que dans cette trêve
A toi seul je pense.