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Le château de Cassandra de Dodie Smith

par Nathalie Levassort

 

Élégant et impertinent

Et puis aussi romantique, excentrique ; drôle, émouvant…

C’est la curiosité qui m’a poussée à ouvrir ce livre : paru en 1949, écrit par l’auteur des célèbres 101 dalmatiens, jamais traduit en France… et je n’ai pas été déçue ! J’ai savouré chaque page, retrouvant ce plaisir de lecture lorsque l’histoire d’une jeune fille venue d’une autre époque nous emporte et nous touche grâce à un large spectre d’émotions, de descriptions et d’anecdotes savoureuses (telle « les 4 filles du docteur March »).

Sous forme de journal intime, Cassandra nous livre les secrets de son cœur avec lucidité et maturité, et c’est passionnant.
Mais elle a aussi l’habitude de s’entretenir avec un mannequin d’osier unijambiste, Miss Blossom, qui ponctue ses phrases de « ma cocotte » et cela devient loufoque.

Nous entrons donc dans cette drôle de famille : le père écrivain a loué un château perdu dans la campagne anglaise mais l’inspiration l’a quitté, « le fer lui est entré dans l’âme », et il se morfond. La belle-mère, ancien modèle de peintres, tente de maintenir un semblant de vie, le frère et Stephen, un employé (beau et gentil) aident du mieux qu’ils peuvent mais la famille tombe dans l’extrême pauvreté, le château se délabre. Cependant, Rose, la sœur aînée, continue de rêver au grand amour.
Surgissent alors deux jeunes américains, héritiers des terres. Ils vont bouleverser la vie de Cassandra et de sa famille.
Qui tombera amoureux de qui ?
Une valse de cœurs laisse planer le mystère jusqu’au bout, conduira la famille jusqu’à Londres où la fortune leur sourira-t-elle enfin ?

C’est très bien écrit, truffé de références à la littérature anglaise (un petit dossier en fin de volume nous guide), une lecture à partager avec grand-mère, mère et fille.
Romantique mais dynamique, cette belle histoire évite les pièges de la mièvrerie. Avec pudeur, l’auteur nous touche au détour d’une description puis finit sa phrase dans une pirouette désopilante.

Dodie Smith mourut à 94 ans, « vieille dame élégante et impertinente ». C’est ainsi que je qualifierai le regard que porte Cassandra sur son petit monde.

Ce roman fut un grand succès de la littérature anglo-saxonne ; J.K. Rowling, herself, a adoré le personnage de Cassandra.

Quelques citations :

« Notre propriétaire, un vieux monsieur très riche […] nous envoyait tous les ans un jambon pour Noël, que l’on ait payé le loyer ou pas. Il est mort en novembre dernier et nous avons beaucoup regretté le jambon. »

« Pour ma part, le mariage me tente aussi peu que le cimetière ».

« Les nobles actions et les bains chauds sont les meilleurs remèdes contre la dépression. »

« C’est vraiment une belle fille… malgré ses pieds gigantesques ».