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La Réserve de Russel Banks

par Nathalie Levassort

 

Années 30 : La Réserve…Une nature encore sauvage nichée au cœur des montagnes aux Etats-Unis : les uns enrichis, les autres appauvris se côtoient sans se mêler. Ces terres furent naguère achetées par quelques grandes fortunes aux « hommes des bois » : premiers occupants après les indiens et, tenant leur connaissance de la nature de ces derniers.

Ces gens de la bonne société se retrouvent chaque été. Parmi eux, deux personnes dérangent :
Vanessa, sensuelle et magnétique, deux fois divorcée, soignée pour des désordres nerveux ; Jordan, marié à une belle femme dévouée à leurs deux garçons, aviateur, peintre, artiste engagé, capricieux, infidèle (sexuellement mais non sentimentalement : ainsi se justifie-t-il).

Lorsque ces deux personnages se rencontrent, cela fait bien évidemment des étincelles mais cela provoque surtout, une série d’événements, de choix, qui les entraînent vers leur destin inéluctable.

Russell Banks a un style narratif qui semble fluide, simple, son ton est direct et il ne s’embarrasse pas de fioritures. Il appartient à la veine des romanciers réalistes de la littérature américaine, ceux qui dissèquent leurs contemporains, observent les rouages sociaux et les tensions familiales.
Il a l’art d’aller au bout de ses personnages, de fouiller dans une vieille malle au grenier et d’en extirper tourments, contradictions, sentiments, secrets, impulsions et regrets. Quoiqu’ils fassent, le drame est inévitable (ce qui maintient le lecteur dans une certaine tension !).

Voilà donc une tragédie moderne passionnante, un tableau de moeurs saisissant : une réflexion sur l’infidélité, la folie, l’engagement… Une plongée au cœur du paysage des Adirondacks avec pour écho la montée du nazisme, la guerre d’Espagne, les pensées de John Dos Passos : entre contemplation et secousses de l’Histoire.