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Cet effrayant besoin de famille de Stéphanie Janicot

par Stéphanie Albarède

Stéphanie Janicot décompose, ici, la recomposition d’une famille sur laquelle plane l’ombre d’un père à la personnalité écrasante. Un testament révélant l’existence de quatre enfants issus de trois mères différentes chamboule la vie de ces demi-frères et sœurs. Les deux aînés ont eu la chance de pouvoir goûter aux liens de la fraternité alors que les deux derniers n’ont connu que la solitude de l’enfant unique. De ces deux contextes opposés, l’auteur fait jaillir toute une palette de sentiments et d’états d’âme. De regrets en espoirs, de rêves en réalités, d’esprit d’entreprise au presque renoncement, de cupidité en abnégation, de manipulations et mensonges en désir de plaire et remords, de doutes en certitudes, d’indifférence en amour,… le lecteur suit pas à pas cette famille entre Paris, Rome et Madrid, transporté par ce roman au style léger qui petit à petit lève le voile sur les secrets de famille. Un style narratif épuré, moderne qui fait presque oublier le papier, donnant ainsi l’illusion d’être l’auditeur d’une conteuse.
Si de prime abord, l’histoire peut paraître décousue, un présent saupoudré de scènes passées, un va- et-vient de personnages, le lecteur ne perd cependant pas le fil. Ce fil conducteur qui cimente si bien le récit : ceteffrayant besoin de famille. Ce choix narratif est judicieux, renforçant l’image de la famille éclatée, réservant des surprises. Chaque chapitre est une pièce de puzzle que Santa, la benjamine en manque d’amour, et le lecteur tentent d’assembler. Stéphanie Janicot capte ainsi le lecteur qui se laisse prendre à ce jeu de reconstruction jusqu’à ce que l’amour triomphe de la solitude. Nul doute qu’en tournant la dernière page, il ait le sourire aux lèvres.