Littérature > Coup de coeur > La passion selon Juette
La Passion selon Juette de Clara Dupont-Monod
par Nathalie Levassort
En Champagne, au XIIe siècle, eut lieu le massacre du Mont Saint-Aimé. Juette a existé, son drame personnel fait écho à l’hérésie cathare.
« Peut-être que je suis mauvaise. Non : je suis une chrétienne de treize ans qui se pose des questions. Qui imagine des choses. »
Juette a la pureté des sentiments et la droiture des récits chevaleresques. Elle aime les livres et déteste la couture. Elle a treize ans, bonne à marier mais cette beauté rousse, trop maigre, se détourne des calculs d’argent paternels et de la froideur maternelle. Elle affiche son mépris pour les prêtres gras et concupiscents, elle n’aime pas prier Dieu dans ces cathédrales qui rivalisent inutilement avec le ciel.
Juette ne comprend pas ce monde. Alors, on tient Juette pour une fille étrange, une « abandonnée en paroles », une âme qui ira en enfer…
Sous le regard attentif d’un moine isolé, Hughes de Floreffe, son seul ami, Juette grandit. Son innocence se perd dans un mariage imposé ; elle rejoindra le mystère des âmes que la foi consume.
L’auteur fait jaillir les mots des pages de son roman, tout comme les histoires que se raconte Juette jaillissent dans son cœur et dans sa tête et font ainsi imploser le carcan dans lequel la jeune fille est enfermée.
Un récit à deux voix (Juette et Hughes), un roman court et dense, un style et un talent littéraire à découvrir.
Le lecteur est tout simplement ému par le destin de Juette qui dénonce l’hypocrisie, refuse de se soumettre au statut d’épouse et se battra avec ses moyens, dans sa chair, pour défendre la liberté de croire.
