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Michel BLANC


par Jean Roussaux



Michel Blanc vient de quitter la scène.

Le décès de Michel Blanc le 2 octobre 2024 à l'Hôpital Saint-Antoine des suites d'une défaillance cardiaque nous rappelle que ce talentueux artiste avait passé sa jeunesse à Puteaux. En effet Michel Blanc, né à Courbevoie en 1952, a passé les premières années de sa vie dans le petit pavillon de ses parents qui était situé rue de Prony, une rue maintenant disparue, remplacée par le boulevard circulaire de la Défense. A cette époque la Défense est encore une place dominée par le monument symbolisant la résistance de Paris à l'invasion prussienne de 1870. Autour de cette place, quelques maisons basses, une ferme et une petite usine, Zodiac, à l'emplacement de laquelle va s'édifier en 1958 le premier bâtiment de la future Défense, le CNIT. Le pavillon sera bientôt exproprié, en 1965, les terrains étant acquis par l'établissement public d'aménagement de la Défense (EPAD).



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Michel Blanc(1952-2024)

C'est donc dans ce petit pavillon que Michel a passé ses premières années. "C'est le moment où j'ai été le plus heureux", avait-il confié à son biographe. Il a fréquenté l'école primaire puis ensuite le Lycée Pasteur à Neuilly : c'est là qu'il fera connaissance de Gérard Jugnot, qui lui aussi fut un temps putéolien, de Thierry Lhermitte et de Christian Clavier. Le petit Michel est bien entouré par ses parents Marcel et Marguerite Blanc dont le mariage remonte à 1949 à Puteaux et par son grand-père, François Billon, horloger, dont la dernière adresse connue est le 16 rue Marcellin Berthelot, dans une boutique des HLM. En fait la famille est depuis longtemps à Puteaux puisque ses grands-parents maternels y sont arrivés en 1907. François Billon a épousé Marguerite Azureau et c'est leur fille, Janine Billon qui sera la mère de Michel. Son père, Marcel Blanc, exerçait la profession de déménageur.



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On a diagnostiqué un souffle au cœur au jeune Michel ce qui va renforcer, semble-t-il, son tempérament naturellement hypochondriaque. Son apparence physique ne lui convient pas non plus :"il ne s'aimait pas" nous dit-il. Pour compenser son apparence chétive, il se retranchera dans l'humour et l'autodérision. Très jeune il aime la musique et prendra des leçons de piano mais réalisant qu'il ne serait pas un grand concertiste il s'oriente vers l'enseignement à la jeune faculté des lettres de Nanterre. Mais après l'obtention d'un DEUG il choisit le théâtre.

En 1974, il retrouve ses copains du Lycée Pasteur auxquels vont s'adjoindre Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel et Bruno Moynot pour former la troupe du Splendid, du nom d'un café-théâtre situé rue des Lombards dans le quartier des Halles. La troupe ne part pas sans biscuit car ils ont suivi l'enseignement de Tsilla Chelton, une actrice et professeur d'art dramatique qui incarnera la détestable Tatie Danielle du film de Chatiliez de 1990.

Ses premières armes Michel Blanc les fait comme second rôle dans Que la fête commence de Bertrand Tavernier, La meilleure façon de marcher de Claude Miller ou Le locataire de Roman Polanski. Ce sera ensuite la série culte des Bronzés de Patrice Leconte. Mais l'acteur comique fait place à des interprétations plus dramatiques comme Monsieur Hire d'après Simenon ou Tenue de soirée de Bertrand Blier qui lui vaut un prix d'interprétation masculine. Dans Les témoins de Téchiné, il campe un médecin homosexuel confronté au sida naissant ; dans le film pour la télévision, L'affaire Dominici il incarne un commissaire Sébeille dont la carrière est ruinée par son entêtement stupide à incriminer le vieux patriarche de la Grande Terre. Même si la thèse défendue par le film est peu crédible, le jeu du couple Michel Blanc-Michel Serrault est passionnant. En 2005, il incarne un agriculteur en mal d'amour dans une réalisation d'Isabelle Mergault Je vous trouve très beau. Après plusieurs nominations il reçoit un César en 2012.

Michel Blanc n'était pas seulement un excellent acteur mais aussi un producteur et un réalisateur talentueux avec Grosse fatigue de 1994, Mauvaise passe de 1999 et Embrassez qui vous voudrez de 2002. Après avoir joué dans de nombreux films, il réalise un cinquième film en 2016, une comédie dramatique Voyez comme on danse. Malgré la présence de Carole Bouquet, Charlotte Rampling et Jacques Dutronc, le succès est mitigé. Il tourne encore en 2023 et 2024.

La vie de Michel Blanc, le petit putéolien qui ne s'aimait pas se clôt avec un cri de son compère Gérard Jugnot : « Putain, Michel qu'est-ce que tu nous as fait ! »






J.R 10/2024