Carte du monde de Strabon
Carte de Ptolémée
Batteuse de soie
Métiers à soie
Route de la soie au II ème siècle après J.C. d'Istanbul à Dunhang "Quand les Romains allaient en Chine"Compte rendu de la conférence de Monsieur Jean Noel RobertLa tradition historique situe à l’époque de Marco Polo le temps où des occidentaux auraient, pour la première fois, découvert la Chine et les contrées extrême-orientales. Mais dès le dernier siècle avant notre ère, on commence à parler, à Rome, de ce peuple lointain, les Sères, de leur pays, la Sérique, que l'on nomme du nom même de cette matière superbe et onéreuse, la soie – elle coûtait le prix de son poids en or, et les brocards importés de Sérique pesaient très lourd ! Pourtant, il ne fait aucun doute pour les Romains, pour les scientifiques comme Pline l'Ancien, pour les poètes, que la soie blanche provient de Sérique. On connaît d'autres types de soie, mais aucune n'a la blancheur, la souplesse de celle des Sères, et aucune ne prend aussi bien la teinture. L'amusant est que le secret de sa fabrication fut toujours jalousement gardé par les Chinois, et qu'il faudra attendre l'époque byzantine pour en être informé en Occident. Virgile et ses contemporains croient que les fils soyeux recouvrent les feuilles des arbres des forêts et que les Sères en détachent « d'un coup de peigne leur mince toison » ! Quant aux Sères eux-mêmes, ils ont la réputation d'hommes épris de justice, produisant, outre la soie, du fer et des peaux ; ils commercent à la muette, c'est-à-dire qu'ils laissent les marchandises à distance de leurs interlocuteurs, lesquels s'approchent quand ils se sont éloignés pour déposer les produits proposés en échange, après quoi ils reviennent constater si le troc leur convient. Pline, qui donne ces précisions, est le seul à livrer à ses contemporains une description physique de ces farouches marchands : « ils dépassaient la taille ordinaire, ils avaient les cheveux rouges, les yeux bleus, la voix horrible, et ne parlaient pas aux étrangers. » Mais nous savons que Pline tient ces renseignements d'un ambassadeur de Taprobane (Ceylan), venu à Rome ! Cependant, à côté de ces pittoresques élucubrations, existe la réalité, celle de ces téméraires marchands romains qui affrontèrent les périls de la route maritime et parvinrent à la cour du Fils du Ciel en 166 de notre ère, en se faisant passer pour des ambassadeurs, probablement afin de s'assurer d'être reçus par l'empereur. Aucun texte latin ne nous parle de leur périple, mais ce sont les Annales chinoises des Han qui nous décrivent leur arrivée à la cour, avec des cadeaux de pacotille qui déçurent le souverain. Sans doute n'avaient-ils pas imaginé les fastes de l'Empire Céleste. En fait, ces Romains avaient seulement suivi des routes que les Arabes et les Indiens pratiquaient depuis longtemps, car ces derniers avaient déjà l'habitude de voguer pour leur commerce vers la Chine. Ils utilisaient les vents de mousson pour traverser la mer Érythrée ou le golfe du Bengale sans faire de cabotage. On pourrait penser que les contacts entre l'Empire romain et celui de Chine furent exclusivement d'ordre économique. Ceci n'est pas tout à fait exact, même si les relations commerciales primèrent d'autres formes de rencontres. À partir du premier siècle de notre ère, une région d'Asie centrale connaît une effervescence religieuse et culturelle d'une ampleur nouvelle, celle du Gandhâra, au nord de l'Inde, qui appartient à l'Empire kouchan. Située au cœur des routes de la Soie, elle devient le carrefour des cultures du monde de l’époque. C’est dire combien la richesse des échanges, bien réels, et tout à la fois l’attrait d’un inconnu qui fait rêver ont pu se conjuguer pour nourrir l’imaginaire des Romains en un temps où Rome prétendait s’affirmer comme la capitale du monde. Tous les comptes rendus >>> |
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