" Un peintre méconnu : Auguste Durst "Par Jean Roussaux
Jean-Baptiste-Auguste Durst (1842-1930) est un de ces peintres de la fin du XIXème siècle et du début du XXème dont l'œuvre est encore
de facture « classique », loin des révolutions qui affecteront la peinture à l'aube du XXème siècle avec l'avènement cubiste et l'introduction
de l'art abstrait. Si Durst nous intéresse ici, c'est parce qu'il a effectué une partie de son œuvre à Puteaux , qu'il
y est mort et que certaines de ses compositions représentent des quartiers de Puteaux .
. La guerre de 1870 le voit s'exiler à Londres, peut-être pour échapper à des mesures de rétorsion contre ceux qui avaient participé à la Commune, ce qui était son cas. Il revient rapidement, en 1872, dans sa maison familiale rue de Tilsitt et participe à nouveau au Salon des Artistes Français. Puis autour de 1881-82 il s'installe à Puteaux au 40 Avenue de la Défense dans un petit hôtel particulier (fig 2). Entre 1902 et 1907, il partagea son temps entre cette demeure et sa maison de Saint-Vaast-d'Équiqueville, une charmante bourgade du Pays de Bray. C'est là qu'il accomplit une partie de son œuvre, parcourant le bocage, accumulant croquis (fig 3) et petites huiles qu'il transposera dans son atelier de Puteaux en des toiles achevées.
A Puteaux , il fréquente en voisin Edouard Vuillard et Frantisek Kupka, deux peintres à la production plus aventureuse
que la sienne (fig 4, fig 5). Il restera en effet fidèle à une esthétique qui le portait plus vers l'École de Barbizon que vers de
périlleuses abstractions.
* Le Musée des Beaux-Arts Bonnat-Helleu de Bayonne présente le paysage aux poules, Le Musée Roybet-Fould de Courbevoie : crue de la Seine à
Courbevoie, huile/toile (1910) et Courbevoie pendant les inondations de 1910, huile/toile (1910). Enfin la Ville de Puteaux
détient quelques tableaux actuellement en réserve au Service des Archives : des huiles/toile : Roque de Fillol (portrait,1881), Monsieur Mars
(portrait attribué à Durst, sans date), Paysage marin (sans date), une aquarelle, Le Château de Puteaux (attribuée à Durst,
sans date) et enfin une affiche « Journée de Puteaux, aidons-les » (sans date). Il a une attirance particulière pour les animaux de la ferme, en particulier les volailles (fig 10) qui peuplent plus ses toiles paysagées que les paysans et les villageois (ici l'enfant est presqu'invisible !). Il trouve aussi l'inspiration dans la représentation du bétail, même lorsque celui-ci est voué à une fin prochaine (fig 11). De cette nature, il tire des paysages souvent un peu chargés, parfois un rien trop riches en des verts obscurcis que n'éclairent que de rares touches de lumière. En revanche ses aquarelles (fig 12, fig 13) sont souvent plus lumineuses et plus spontanées. Ses qualités de dessinateurs s'expriment dans ses portraits (fig 14, fig 15) et dans quelques nus (fig16) qui ne sont pas sans rappeler des œuvres analogues. Cette production, très classique du point de vue pictural, à laquelle il semble s'être tenu jusqu'à la fin de ses jours, est probablement à l'origine du relatif oubli dont cet excellent peintre a été victime. A une époque où se développait un art d'expérimentation basé sur de nouveaux critères que développaient déjà l'impressionnisme, puis les œuvres, solides et colorées, des van Gogh, Cézanne ou Gauguin et enfin le mouvement cubiste, les paysages naturalistes du bocage normand étaient bien passés de mode. J.R - 06/2021 |
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